À la recherche d'Erin

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Une histoire de Nellskitchen

Traduction française

Première partie

Nous nous rencontrâmes dans l'un de ses lieux de prédilection préférés ; Bossa Nova, un petit café animé sur Portobello Road. J'avais choisi une table avec vue sur le marché bondé où les gens s'activaient.

Au départ, j'avais eu peur que le bruit qui provenait du marché nous empêcherait de parler librement, mais toute préoccupation disparut après l'avoir regardée quelques minutes. Sa voix, douce mais assurée, m'avait détournée des distractions du monde extérieur.

Sans surprise, elle s'était inquiétée presque immédiatement, et cela se voyait sur son visage parfait. Alors même que je ne l'avais rencontrée que quelques minutes auparavant, j'avais déjà observé sa tendance à jouer nerveusement avec ses mains.

C'était bien compréhensible. Après tout, elle était sur le point de raconter en détail sa première expérience sexuelle à une étrangère. Ses yeux erraient dans le café, à la recherche d'une distraction.

Je voulais apaiser son inquiétude, et je me plongeai dans le petit carnet que j'avais apporté, faisant semblant d'y chercher quelque chose. Elle attendit en silence, démontrant la courtoisie que j'admirais tant chez elle ; une politesse qui avait persisté malgré les semaines d'interrogatoire en ligne qu'elle avait endurées par ma main.

Elle trouvait la situation embarrassante, ce que je comprenais bien. En fait, je ne savais même pas pourquoi elle m'avait accordé une interview en personne ; pourquoi avait-elle supporté toutes mes questions. Mais elle devait certainement avoir ses propres raisons, et je supposais que, comme tant de femmes, elle était attirée par la recherche tout en ayant peur de la découverte.

Elle possédait une forte intuition et alors même que je lisais mon carnet, je pouvais sentir ses yeux se poser fréquemment sur moi, à la recherche de mon vrai dessein. Elle voulait s'assurer qu'elle pouvait me faire confiance.

Elle était un sujet parfait ; une combinaison délicate d'intuition féminine et de beauté physique. Avec un tempérament timide et une aura à la fois virginale et sexuelle, cette femme irlandaise avait l'air de ne pas être à sa place dans le Londres du vingt-et-unième siècle. C'était une question qui m'avait préoccupée au début, et j'imaginais qu'elle se sentirait plus à l'aise dans les pages d'un roman de Jane Austen, où sa dignité et sa grâce seraient plus appréciées.

Avant de commencer l'interview, elle m'avait semblé plus détendue que je l'avais prévu, mais je devinais qu'elle commençait à perdre son calme à cause aux limites de temps et à mes questions indiscrètes. À la dernière minute, je me rendis compte qu'elle était sur le point d'arrêter l'interview et de partir. Je m'interrompis, faisant semblant de relire ce que j'avais noté. C'était une astuce qu'un vieil ami m'avait apprise à New York quand j'avais commencé à écrire.

« Donne du répit à ton sujet, Heather, » Peter m'avait conseillée. «C'est comme cela que tu peux la convaincre de raconter son histoire. » Étant plus âgé et patient, mon amant en savait bien plus que moi sur ces choses.

C'étaient de bons conseils, mais de temps en temps je me laissais emporter par la curiosité, et je ne pouvais me permettre de laisser cette occasion m'échapper.

Elle avait un visage amical et je l'aimais bien. Avant perçut son sourire mystérieux comme un signe positif, j'essayais de garder à l'esprit ce que m'avait dite mon amie Laya ; que les New Yorkers avaient tendance à être envahissants, et je me demandais si Erin finirait par tolérer ce comportement? Ma réussite dépendait de cette question.

L'importance de cette intellectuelle comme sujet d'étude aurait été évidente même pour un écrivain amateur. Elle personnifiait l'érotisme, et les souvenirs de son expérience avec le Péruvien il y a trois ans constituaient une histoire que je voulais écrire.

Sans même s'en rendre compte, Erin Rankin exsudait la sexualité et possédait un naturel modeste qui suggérait une certaine vulnérabilité ; l'image même de la sensualité. Mais elle était aussi un défi, car les personnes ayant son caractère étaient par nature difficiles à saisir dans une histoire.

Gardant jalousement leur vie privée, elles jouissaient d'une intelligence vive qui montait la garde contre les chercheurs qui voudraient percer leurs défenses. Je savais que si je voulais mettre en lumière son histoire, il me faudrait marcher sur des œufs.

C'était essentiel, bien sûr, parce que je cherchais la sexualité qu'elle avait cachée pendant sa vie entière, et j'étais certaine qu'elle avait des secrets érotiques dont elle se niait elle-même l'existence.

« Je n'ai jamais confié ça à personne », a-t-elle admit en ligne un jour.

À partir de cet instant, les détails de l'histoire sont apparus par fragments, mais je savais qu'il y avait plus de matière qu'elle n'avait pas divulguée.

Je savais aussi que c'était dangereux de se montrer de cette manière au monde. En prenant part à mon projet, mes sujets acceptaient de se révéler comme femmes perdues qui s'étaient trahies; quelque chose qu'une partie d'entre elles pourrait regretter à perpétuité. L'autre partie était contente, bien sûr, et pour Erin, les émotions se combattaient dans son esprit entouré d'un bouclier d'écailles de sa propre création ; parmi ses protections, une passion pour les livres et la fuite de tout ce qui concerne les hommes.

Et comme si cela ne suffisait pas, elle était irlandaise et en Irlande, la sexualité féminine progressait lentement ; trop lentement pour une Américaine qui avait l'habitude de supposer que le monde partageait la même vision de choses qu'elle.

Il y avait une dualité chez Erin ; un désir de prendre des risques, même brièvement, qui était en conflit avec son éducation conservatrice qui lui avait inculqué les vertus d'une morale stricte.

Elle était parfaitement belle, avec une silhouette mince, un teint de porcelaine et des longs cheveux auburn qui tombaient sur ses épaules étroites. Ses yeux étaient verts, et je constatai que leur aptitude à évaluer les autres était en désaccord avec cette présence physique si discrète. Une énigme, ai-je pensé. Les contrastes posaient un défi, mais dès le début, j'avais deviné que ceux d'Erin me réservaient de grandes découvertes.

Mes yeux erraient sur sa forme, prenant bonne note de ses seins qui, grâce à la minceur de ses épaules, semblaient plus lourds qu'ils n'étaient. Elle avait tendance à rentrer les épaules pour essayer de les cacher. « Elle ne les aime pas » je réalisai. «Cette femme se cache, ce qui implique qu'il y a en elle quelque chose à découvrir».

Elle s'exprimait doucement, comme pour masquer son intelligence. Elle donnait vraiment une impression d'avoir une force intérieure, et cela m'aurait surprise si elle me n'avait pas dit auparavant que les femmes irlandaises étaient expertes dans l'art de cacher leurs capacités en présence des autres.

Je ne voulais prendre le risque de la faire retourner dans l'ombre de laquelle, a l'âge de vingt-trois ans, elle commençait de sortir. Aussi, la prudence était essentielle. Mais j'avais deux avantages : elle était curieuse au sujet de mon intérêt pour elle, et encore plus important, elle acceptait qu'en faisant partie de mon projet, elle pourrait se découvrir elle-même.

Elle reçut une éducation catholique et alors même qu'elle avait renoncé à sa foi, je devinai en elle un besoin d'avouer quelque chose. Mais il fallait que son confesseur lui soit étranger ; un anonyme, caché derrière son écran.

Nous nous étions rencontrées en ligne deux mois auparavant. Je cherchais un éditeur doué en langues et alors même que son profil était intimidant, il m'a attirée. Elle accepta de faire la critique de mes écrits et petit à petit, nous sommes devenues amies.

Je ne peux me rappeler qui mit le processus en œuvre, mais il commença un jour pendant un banal échange et, en l'espace de plusieurs emails, on se confiait nos secrets. Parce que l'on vivait sur deux continents différents, séparés par la vaste étendue de l'Atlantique, nous pouvions révéler des secrets impensables, sans peur d'être jugées. C'était à la fois cathartique et érotique.

Aucune d'entre nous ne s'était déjà exposée de cette manière, et notre empressement nous prit au dépourvu. « Pourquoi je te parle de ces choses? » dit-elle un jour. Je ressentais la même chose.

Nous exposâmes chacune notre propre intimité, laissées nues devant l'examen et les commentaires de l'autre. Comment amener un homme à l'orgasme grâce à une fellation? Est-ce que la taille a vraiment une importance pour ce qui est du sexe anal? Tout autant de sujets disséqués et étudiés à la lumière de nos différences culturelles respectives.

C'était il y a quelques mois et enfin, nous étions l'une en face de l'autre. Nous étions toutes les deux solitaires, et nous désirions et avions peur du lien qui se resserrait entre nous. Oubliant toute prudence, nous révélâmes nos blessures du passé, reçues grâce à cette compulsion féminine de s'ouvrir aux autres.

Tout commença quand, un jour, je lui posai une question absurde. « Erin, » ai-je demandé, « as-tu déjà eu des rapports sexuels avec un homme? »

Je ne m'étais pas attendue à une réponse, mais celle-ci m'avait néanmoins étonnée. C'était comme si elle avait attendu l'occasion de discuter de son expérience désagréable avec le Péruvien d'il y a trois ans avec quelqu'un.

« Je veux écrire ton histoire, Erin », lui ai-je dit un jour.

Son innocence rayonnait dans la simplicité de sa réponse : « Mais qui pourrait s'intéresser à moi? » Elle était vraiment perplexe à l'idée que son histoire pourrait être remarquée.

« Erin, » j'ai répondu, si tu m'intéresses jusqu'au point de la fascination, le reste du monde voudra te connaitre aussi. Il faudrait qu'on se rencontre pour une série d'interviews. Aurais-tu le temps pour ça? Qu'en penses-tu? »

« Une interview? De quoi voudrais-tu discuter? », demanda-t-elle.

« Je ne peux pas te connaitre seulement par email, Erin -- pas si tu vas faire l'objet d'une histoire. Il faut que je me fasse une idée de qui tu es, et je veux connaitre ton histoire au Pérou en entier.

« Pérou? C'est quelque chose que je veux oublier. C'est tout. »

Pérou. Que lui est-il arrivé là-bas?

Elle y avait perdu sa virginité dans une liaison ardente qui avait duré deux semaines. Elle m'avait déjà raconté l'essentiel de l'histoire : après avoir terminé ses études à l'université, elle avait accepté un travail comme professeur d'anglais en Amérique du Sud, où elle avait été séduite par un Péruvien.

Un jour je lui écrivis, « C'est ça que je veux savoir. Je veux écrire une histoire sur ce pays exotique et sur l'homme que tu as laissé d' accéder à ton corps -- pas une fois, mais plusieurs fois. C'est une histoire qui parlerait à presque chaque femme du monde, même si chaque femme ne pourrait s'y retrouver de la même manière que toi.

Elle ferma la fenêtre de MSN Messenger, et je n'ai pas eu de nouvelles d'elle pendant une semaine. Quand elle reparut, j'ai retins mon souffle, me demandant si elle allait me donner son accord, ou si elle allait me dire adieu.

Comme d'habitude, elle me surprit. « Je le ferai, » elle a écrit. « L'idée me semble folle, mais je te rencontrai si tu viens à Londres... et je te dirai tout. »

J'avais raison. Elle voulait effectivement se confesser et heureusement, elle avait pris la décision de le faire dans mon confessionnal.

Deuxième partie

Ce n'était pas qu'un simple déjeuner. Les femmes déjeunent pour parler, et la nourriture y sert de catalyseur.

Après cinq minutes de mondanités, je sortis mon cahier, mais la brusquerie du geste la fit remuer dans son fauteuil, l'air mal à l'aise. L'ironie, c'était que son sentiment de gêne la rendait une adjonction parfaite à la mosaïque que j'étais en train de construire ; un patchwork d'histoires des femmes au sujet du passage de la virginité a la féminité.

« Alors, parle-moi, Erin ; dis-moi tout sur ce qui s'est passé au Pérou. »

Ses pouvoirs de perception se sont engagés rapidement. « Je ne suis pas le seul sujet de ton livre, n'est-ce pas, Heather? Tu as rencontré d'autres femmes, n'est-ce pas? Ces questions que tu vas me poser ; ce sont des questions standards que tu poses à chaque femme que tu interviewes, non?

« Oui, Erin, je croyais que tu comprenais déjà cela. J'écris un livre ; une compilation, en fait, des histoires de... »

«De comment on se fait baiser? » dit-elle hargneusement. Je ne suis pas sure, Heather. C'est un peu humiliant d'échouer dans un groupe d'autres malheureuses. »

Elle avait raison et j'imaginais les emails nombreux que j'avais rassemblés des autres femmes. Je n'avais pas peut-être bien expliqué mon projet à cette femme attirante. Merde, il fallait que je fasse quelque chose.

Je fus prompte à m'expliquer. « Mais si, Erin, je veux écrire seulement sur toi. Plus exactement, chaque femme sera le sujet d'un chapitre entier. Elle ne sera pas comparée aux autres. Une partie de cette logique, c'était de montrer la singularité de nos expériences. Et ma propre histoire sera elle aussi incluse».

Après avoir entendu cette dernière assurance, son langage corporel s'est détendu.

« Alors... je t'en prie », repris-je. « Essayons de voir où cela va nous mener, d'accord? Je suis désolée pour la méprise ; je croyais l'avoir mieux expliqué. Je te prie d'excuser mon erreur. »

Je n'avais pas bien fait mon travail et je me sentais comme une idiote. Me rappelant que j'avais presque perdu Laya de la même façon, j'ai décidé de ne pas poser mes stupides questions, et de laisser le dialogue suivre son cours.

Après un moment de réflexion, la jolie femme hocha la tête en signe d'assentiment. « Je le ferai, mais je dois dire, je me sens gênée et j'ai rêvé de Hernan plusieurs fois durant les dernières semaines. Ça m'ennuie, Heather, et je sais que c'est parce qu'on a discuté du Pérou et de ce que j'ai fait là-bas. »

Un silence suivit ses mots. Il serait le dernier avant un certain temps.

Troisième partie

« Quelque chose hantait mon esprit, Heather, bien avant mon voyage à l'Amérique du Sud. L'Irlande, mes parents, le fait que je sois l'ainée de quatre filles. Toutes ces... contraintes, sans compter le fait que mon expérience à l'université fut assez rigide, au moins par rapport à celle des filles américaines. C'est juste une différence culturelle, je sais, mais c'est important et je voulais que tu en sois consciente.

« Je comprends, » dis-je, faisant un signe de tête.

« Enfin bon. En Irlande, j'étais entourée des mesures de protection que je n'avais jamais contestées, et j'ai décidé de quitter Irlande ; de sortir de ma zone de confort, parce que je voulais m'enfuir de cette protection. Je ne voulais pas me l'admettre à ce moment-là, mais je cherchais l'excitation... et le danger.

Marquant une pause, elle ajouta, « J'espère que ça a du sens. »

« Bien sur que oui, Erin, » dis-je, l'encourageant à continuer.

« Hernan était déjà professeur à l'école quand je suis arrivée, et je pouvais voir que presque chaque femme du personnel avait le béguin pour lui. Il était beau, et il le savait. Il était grand -- j'aime bien les hommes grands et il mesurait un mètre quatre-vingt. Il avait les cheveux noirs, la peau brune, et un corps musclé qui n'était pas caché par les jeans et tee-shirts qu'il portait. Et même si sa beauté m'a émue, je l'ai été encore plus par sa personnalité. Il était... mystérieux. Quand il parlait, j'avais l'impression qu'il en passait beaucoup plus sous silence. Je laissais des ouvertures pour qu'il puisse me sonder, ce qu'il faisait parfois, mais je ne savais jamais s'il s'intéressait à moi ou non. »

Elle hésita et je devinais qu'elle cachait un détail important. « Et il y avait quelque chose à propos de lui qui me faisait peur. »

« C'est-à-dire? » j'ai demandé. « Comment ça? »

« C'est là tout le problème, Heather. Je ne peux pas l'expliquer vraiment, même maintenant. Ce n'était pas que j'avais peur de lui, même si la façon dont il traitait les autres n'était pas toujours sympa -- les femmes en particulier, et en Irlande, c'est quelque chose que je n'aurais pas toléré. Mais avec lui... ça me faisait frissonner. »

Au delà de lui, j'avais peur de moi-même, parce c'est moi qui avait démarré les choses, et même maintenant je ne sais pas si j'ai toujours été honnête avec moi-même au sujet de Hernan. Réfléchis-y ; je l'ai fait à l'autre bout du monde, avec quelqu'un que, au final, j'allai laisser derrière moi. J'étais plus que naïve ; j'ai complètement ignoré le pouvoir que le premier rapport sexuel peut exercer sur une femme. Quand j'y repense, c'est évident, mais sur le moment, je n'ai rien compris. »

« Bref, » continua-t-elle, « trouver quelqu'un qui m'attirait m'a aidée à mettre de côté beaucoup de mes convictions culturelles sur les hommes et le sexe. Je me suis laissée m'ouvrir ; sans défense, et c'était... libérateur. Et terrifiant. Mais terrifiant d'une bonne façon, tu vois? Pendant ce temps, j'avais vu que Hernan était coureur, et j'avais entendu les rumeurs, donc je n'étais pas complètement certaine, mais bon, il y a avait toujours une certaine incertitude avec lui. »

«Tout le monde savait qu'il couchait avec une foule de femmes ; et c'est quelque chose que j'ai choisi d'ignorer. Je me disais que c'était excitant ; que sortir avec cet homme serait un autre moyen de m'enfuir du cocon qu'était l'Irlande. Ça a du sens pour toi? »

Je fis un signe de tête affirmatif.

« Personne en Irlande ne saurait de ma relation avec lui, sauf si je choisissais de raconter l'histoire après mon retour. Je l'admets, l'idée de coucher avec lui a traversé mon esprit je ne sais combien de fois et je savais qu'il ne serait pas difficile de le convaincre. C'était un homme, après tout. Mais comme chaque femme, au fond de moi-même je voulais aussi une relation et j'étais prête à perdre ma virginité pour l'obtenir. C'était aussi simple que ça, Heather. »

Sa franchise hésitante me captivait. « Et comment as-tu considéré ta virginité jusqu'à ton départ d'Irlande? »

Après avoir retourné la question dans sa tête, elle me répondit en souriant à moitié. « Comme un cadeau, je suppose, pour mon mari. Au moins, j'avais été élevée en la considérant comme ça. Je ne sais pas... ça me turlupinait. C'était à la fois quelque chose dont je voulais me débarrasser, et un cadeau précieux. »

Étant déjà passée par le même processus avec plusieurs femmes, j'avais bien conscience que les perceptions d'Erin avaient des ressemblances avec celles des autres ; l'idée du cadeau, le stigmate et le rite de passage -- mais les femmes américaines avaient tendance à voir leurs hymens comme des obstacles. La franchise d'Erin me faisait croire qu'il pourrait y avoir plus de similarité avec les femmes des États-Unis que j'avais prévu.

« Pourtant », continua-t-elle, « il y avait beaucoup de femmes qui l'aimaient. Nous connaissions toutes sa réputation et il me semblait que, plus les rumeurs étaient choquantes, plus les femmes étaient attirées. Il le savait aussi ; comment ne le pourrait-il pas? Les femmes se pâmaient pratiquement avec lui. »

« Et toi? »

En riant doucement, elle dit « Dès le départ. Mais pas en public. J'avais trop d'orgueil et je n'avais aucune intention de me jeter sur lui devant tout le monde. Mon Dieu, ce n'était pas rare de le voir avec deux ou trois femmes pendant la même nuit. Le premier avertissement aurait dû être la nuit où il m'a embrassée pour la première fois. La même nuit, Andrea Pendleton lui fit une pipe dans sa voiture, au milieu de la place du centre-ville. Avec des gens partout. Après avoir fini, ils sont allés prendre un repas au café. Ou du moins, un autre repas.

« Comment as-tu appris l'incident avec Andrea? »

« Elle m'en a parlé le lendemain. Je trouvais bizarre que ce n'était même pas une grosse affaire pour elle... Mais je me disais qu'elle était américaine et peut-être que les pipes ne constituaient pas de grosses affaires pour les Américaines. C'était la première fois que je me suis rendue compte que, pour une femme des États-Unis, une pipe n'était pas le même que du sexe. C'est elle qui m'avait raconté l'histoire de cette femme Monica Lewinsky et de sa robe bleue. » « Tu n'avais jamais entendu l'histoire? »

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