Aquitania 02 - Fierebrace

Quelques semaines plus tard, Richard se présenta aux portes du manoir après un nouveau voyage en pays Vascon. Le hasard faisant bien les choses, Arminia et Erik avaient juste à propos invité le gratin des Adeptes de Maupertuis à un banquet ce soir-là. Vu la nombreuse assistance, ils avaient dû déplacer le lieu des réjouissances de leur salle à manger vers la plus grande grange du Domaine, encore encombrée de bottes de foin.

Comme à l'accoutumée, il se présenta d'abord au Connétable pour lui faire son rapport mais la conversation dura plus longtemps que d'habitude si tant bien est que lorsqu'ils rejoignirent la grange, tous les invités y avaient déjà pris place.

« Mes amis » s'écria Erik depuis l'entrée « J'ai une grande nouvelle à vous annoncer! Notre Richard Wudkind, Gleeman, Ménestrel, Envoyé de Notre Sire Guillaume a demandé à être initié aux Mystères de l'Amour! »

Un tonnerre d'applaudissements succéda à cette annonce tant espérée mais alors que le tumulte se calmait, une voix cristalline s'éleva

« NON! »

« Et pourquoi donc Erika, ma fille? » demanda immédiatement Arminia qui n'avait pas vraiment été prise au dépourvu

« Wudkind est un Saxon, un étranger!»

« Ton ancêtre Häkan était aussi un étranger .. sans parler des Sarrazins de mon côté! »

« C'est un Fornicateur sans vergogne! »

Une silhouette en robe de bure apparut derrière Erik et prit la parole

« Je m'appelle Gerbert d'Aurillac. Etant moine de notre Sainte-Mère l'Eglise, je m'abstiens normalement de paraître à Maupertuis mais Messire Erik a mandé mon témoignage. Foi de Frère Bénédictin, je jure sur la Sainte Bible que j'ai secrètement accompagné ce jeune homme au cours de tous ses voyages et que jamais il n'a cédé aux nombreuses tentations auxquelles il a été soumis! Pourtant, même Saint Antoine n'a été confronté autant de fois à l'appel de la chair. Richard m'a seulement dit sous le couvert de la Sainte Confession que ses pensées étaient trop occupées par une certaine Damoiselle dont je dois taire le nom et qu'il lui arrivait parfois de céder au péché véniel de l'onanisme en son honneur .»

L'assemblée se perdit en murmures à la fois réprobateurs et enthousiastes.

« JE LE SAVAIS ... JE LE SAVAIS .. IL A UNE RIBAUDE! QUI EST-CE? » Clamant son indignation, Erika sauta sur Richard avec la ferme intention de le renverser pour mieux le rouer de coups mais à son grand désarroi, le jeune homme encaissa le choc sans broncher et l'emprisonna dans ses bras qui avaient soudainement pris la consistance de l'acier le mieux trempé!

« Un homme doux n'est pas toujours un homme faible, Erika » lui dit-il sur un ton léger qui acheva de la mettre hors d'elle

« RUSTRE! FAQUIN! JE VAIS T'ARRACHER LES TESTES ET LES DONNER EN PÄTURE A TA RIBAUDE! » hurla t'elle toujours captive des bras puissants.

« J'ai d'autres projets pour mes testes » rétorqua t'il et il profita de son indignation pour l'embrasser à la mode des adeptes ce qui la fit gémir d'aise avant qu'elle ne se reprenne et le griffe à sang en plein sur la joue.

« NE ME TOUCHE PAS! CABUSEUR!»

Sous le coup de griffe, il l'avait lâchée et elle en profita pour lui faire un croc en jambe et le faire chuter sous elle en plein sur une botte de foin qui d'ordinaire n'avait rien à faire là . Ils roulèrent l'un sur l'autre mais la souplesse d'Erika l'emporta et elle se trouva bientôt dans une position qui rappelait fort celle de leur première rencontre si ce n'est que ses cuisses l'enserraient au niveau du bassin plutôt que du cou.

Emportée par sa fureur, elle déchiqueta la fine chemise de cérémonie en lin du garçon puis s'attaqua à sa peau nue avec des grondements de colère mêlés à des grognements de pur plaisir. Richard se laissait faire avec une totale passivité, poussant de ci de là un gémissement de douleur lorsque les ongles acérés lui arrachaient un nouveau lambeau de peau.

Arminia voulut intervenir mais Erik la retint « Laisse, elle a le tempérament d'Isa. Cela va bientôt passer »

La jeune fille avait défait le nœud de la ceinture qui maintenait les braies du garçon et les avait fait choir sur ses chevilles, dévoilant une verge de beau calibre soutenue par deux testes fort remplies. La petite main d'Erika s'empara du membre viril tandis que de son autre main, elle plaquait les deux mains de sa victime au-dessus de sa tête. Le garçon aurait pu se libérer sans peine mais il continuait à accepter son rôle passif et les mauvais traitements qui lui étaient infligés.

Si certains des spectateurs craignaient pour l'avenir des organes virils du jouvenceau, ils furent vite rassurés par les halètements de désir émis par la jeune fille quand elle commença à caresser la verge bandée. Elle se colla contre son flanc et , sans arrêter ses mouvements sur le vit du garçon, elle l'embrassa encore plus passionnément que lui-même ne l'avait fait précédemment.

L'assemblée émit un soupir de satisfaction ...les choses prenaient meilleure tournure.

Richard profita de l'accalmie pour enlacer sa cavalière et prendre le contrôle de leur embrassade. Il les fit ensuite rouler sur eux-mêmes et il se retrouva au-dessus d'elle sans avoir interrompu le baiser. Il finit par saisir les poignets de la jeune fille et les immobilisa au-dessus de sa tête, les broyant dans une seule de ses grandes mains, puis se redressa.

« Je t'aime Erika. Depuis notre première rencontre, il n'y a plus que toi dans mon cœur. Tu es de toutes mes chansons et tu es avec moi, même lorsque je suis à l'autre bout de la Terre . Je veux être ton mari et ton amant devant le Dieu d'Amour comme devant les Hommes! »

Un dernier sursaut de rébellion emporta la guerrière

« Mais tu espérais pouvoir baiser la Bergère, rimailleur sournois! »

« Non ma louve, la Bergère a déjà délégué par écrit son sacerdoce à la plus ardente de ses fidèles : toi! »

« Tu n'es qu'un vil menteur Wudkind! Et je ne veux pas de toi! Aaaahh ... arrête! »

Le garçon avait profité de sa distraction pour glisser une main sous sa robe d'Adepte et l'avait insinuée jusqu'à sa chattoune qu'il trouva merveilleusement ouverte et moite de désir.

« Qui est-ce qui ment Erika ma Louve? Tu me veux autant que je te veux. Pourquoi refuses-tu de le reconnaître »

« Parce qu'il te faudra être un homme pour me conquérir Wudkind! Je ne veux pas d'un mièvre! »

« Si c'est la Conquête que tu recherches, tu vas être servie ma Louve, je m'en vais te domestiquer! »

Il empoigna la robe à deux mains sous le cou et tira, déchirant et arrachant le vêtement dans le même mouvement. Les assistants purent enfin découvrir le corps de la jeune fille, sans doute moins voluptueux que celui des femmes plus mûres mais plus qu'attirant avec ses formes bien proportionnées. Sur sa lancée, Richard s'installa entre les cuisses ouvertes de sa compagne et présenta son Priape entre les colonnes de Vénus. Il relâcha les mains d'Erika et commença à la pénétrer. Elle l'enlaça puis ses jambes musclées vinrent se nouer dans ses reins et c'est elle qui força la verge de son amant à franchir son hymen.

Elle se mordit les lèvres pour ne pas laisser échapper un petit cri de douleur lorsque sa virginité capitula et se vengea en plantant ses ongles dans le dos du garçon qui entamait un puissant va et viens dans la grotte d'Amour.

« Vas-y Wudkind! Montre .. aah .. que tu es ... un homme... Aaah ... Un vrai! ... Glaive-moi ... aaah ... Pourfends! Taille! ... ooh ... comme ça ... ouiii mon Homme! Tu es à moi Wudkind!

»

Amusés, les spectateurs s'aperçurent que Richard, de son côté, avait entonné un chant qu'ils n'avaient encore jamais ouï ..

« Erika ... Erika ...enfonce bien ... han... tes onglets .. han ... et tes doigts délicats .. aah .. dans la Forêt .. han ... de mes cheveux .. Rika ...! »

« Ne rimaille pas .. aaah ... pinaille-moi .. plus fort! ... aah... Chevauche-moi ... iiiaah! «

Sous l'emprise de la passion, elle déchiqueta la peau du dos de son amant comme elle l'avait fait sur son torse peu auparavant. Ses pieds martelaient les reins du garçon pour l'encourager à la prendre encore plus vigoureusement.

Richard l'embrassa pour la faire taire mais obtempéra à ses injonctions et se déchaîna sur elle, transformant par la même un vigoureux accouplement amoureux en un coït frénétique entre deux amants assoiffés l'un de l'autre.

Après quelques minutes, les Assistants entendirent un « MMMHHH » qui dut faire exploser les oreilles internes de Richard et Erika se cambra, soulevant son amant et plantant un dernière fois ses ongles dans la peau ravagée de son dos. Le Gleeman amoureux ne résista plus et se répandit enfin dans la femme qu'il aimait.

La Bergère leur laissa quelques instants pour savourer leur extase commune puis s'approcha du couple et procéda au contrôle d'usage « Ite Virgo Est » s'écria t'elle avec soulagement. C'était le seul point du rituel que ce curieux mariage avait respecté!

Arminia s'approcha à son tour du couple et commença à éponger les multiples écorchures et griffures qui parsemaient le dos et le torse du garçon ainsi que la poitrine de sa fille là où le sang du garçon l'avait maculé. Elle la regarda d'un air de reproche.

« Il a plus saigné que toi le pauvre! »

« Il m'a voulue, il m'a eue ... Wudkind doit apprendre que vivre avec une Ragnarsen n'est pas de tout repos! »

Erik s'approcha à son tour. « il ne s'appelle plus Wudkind mais Maupertuis. J'ai arrangé de Transfert de Nom avec le Berger pour son registre.

« Erika lui sauta au cou « Merci Père ; je savais que tu l'appréciais mais c'est un merveilleux cadeau de noces! Tu entends Wudkind? »

« Maupertuis » tenta t'il ... « Pour les autres! Pour moi, tu seras toujours Wudkind ... l'irritant rimailleur dont je suis tombée amoureuse il y a longtemps. »

« Tu pourrais m'appeler Richard ... ou Ric ...? »

« Ric dans la chambre ... pour toutes les autres occasions, tu seras mon Wudkind! Cela me rappellera toujours le plus beau jour de ma vie au bord du Clain ...»

« Hum, souvenir cuisant s'il en est. Je préfèrerai me souvenir de ce jour-ci! »

Les années suivantes furent plutôt calmes pour le Duché. Les Chiens d'Anjou se tinrent quiets et Hugues Capet semblait avoir renoncé à ses prétentions sur l'Aquitaine. Quoique l'intéressé s'en défende, Guillaume Fierebrace attribuait une bonne partie de cet état de fait aux bonnes relations que son Emissaire entretenait avec les autres Cours de Francie . Il parcourrait toujours les routes avec son épouse et bientôt avec leurs deux jeunes enfants. Bien que voyageant le plus souvent sans escorte, ils s'étaient acquis une réputation d'infaillibilité à l'arc et de férocité à l'épée qui décourageait le plus endurci des ruffians qui croisait la route de leur chariot dont la bâche arborait le Blason de l'Aquitaine : de gueules au léopard d'Or.

Malgré leur réputation auprès des routiers, ils n'étaient pas toujours pris au sérieux par les seigneurs qu'ils visitaient. Richard de Maupertuis affectait plus de difficultés à comprendre les dialectes locaux qu'il n'en éprouvait réellement tandis qu'Erika déambulait l'air un peu perdue aux alentours des troupes et fortifications pour compléter les rapports de Wudkind à son père.

Erika eut même à dégainer l'épée contre des Poitevins lorsque des mercenaires à la solde d'Emma, l'épouse délaissée de Guillaume Fierebrace tentèrent d'enlever Adélarde alors qu'elles cheminaient de concert pour rejoindre Guillaume à Bordeaux qui devenait insensiblement sa nouvelle capitale. Il apparut que les soudards avaient pour instruction non seulement d'enlever mais aussi de violer Adélarde pour lui donner la leçon attitrée des femmes de mauvaise vie. Mais entre l'épée d'Erika, l'arc de Richard et les arbalètes de leurs enfants adolescents Gerbert et Alienor, survenus opportunément , la soldatesque eut tôt fait de tourner casque, abandonnant morts et blessés sur le lieu de l'embuscade.

Emma prit la fuite auprès de son père et ne revint qu'après l'annonce du prochain couronnement d'Hugues Capet comme Roi des Francs auquel Guillaume IV, Duc d'Aquitaine, était convié avec son épouse Papiste.

Mais ce furent Ric et Rika qui détectèrent le changement d'attitude de Capet à l'égard de Guillaume Fierebrace dès son couronnement comme Roi des Francs en 987. Le nouveau Roi avait visiblement l'intention de ramener tous les territoires indépendants de la Couronne sous son autorité directe. Et vu son mariage avec Adélaïde, la sœur de Guillaume, il entendait à nouveau revendiquer l'Aquitaine. Erik soupçonnait que la précision des rapports concernant Capet devait beaucoup à la présence de Gerbert d'Aurillac aux côtés du Roi en tant que secrétaire. Le petit moine s'était forgé une remarquable réputation d'érudit depuis l'époque où il courrait les routes avec Richard et cette réputation lui avait valu l'intérêt de Capet même si d'aucuns murmuraient que Gerbert ne resterait pas longtemps à son poste, trop attiré par les bibliothèques lointaines.

Dès lors, au lieu d'encore se risquer vers le Nord, Les héritiers Maupertuis changèrent complètement de stratégie et firent le tour des vassaux de Guillaume, exaltant l'indépendance de l'Aquitaine et la vaillance de son Duc dans les Chansons de Ric le Ménestrel ou les Contes Guerriers de Rika.

Lorsqu'au début de 988, les mouvements de troupes Franques commencèrent à sérieusement inquiéter le Connétable, il n'eût aucun mal à rappeler le ban et l'arrière-ban des Seigneurs d'Aquitaine exaltés par ses propres enfants pour se préparer à contrer l'armée qui les avait toujours vaincus dans le passé.

Sur les bords de la Loire, Erik de Maupertuis, le Connétable, paracheva une glorieuse carrière militaire par une victoire sans précédent sur l'armée d'Hugues Capet qui renonça une bonne fois pour toutes à ses prétentions territoriales.

Cependant, peu après, alors qu'il était au faîte de son pouvoir, Guillaume, à l'instar de son père, décida d'abdiquer et de se retirer en l'Abbaye de Saint Cyprien où Adélarde l'avait précédé. Il laissait le pouvoir à son fils Guillaume, désormais Guillaume V sous la régence d'Emma.

Erik renonça à sa charge militaire pour couler des jours paisibles auprès d'Arminia à Maupertuis. Tranquillité uniquement troublée par la chasse aux prétendants qui assiégeaient sa porte dans l'espoir de pouvoir conter fleurette à sa cinquième fille, la très belle Bianca, née sur le tard.

Ric et Rika furent conviés par Guillaume V à faire partie de sa Cour pour constituer l'embryon d'un groupe de lettrés qui avait pour mission de faire resplendir la réputation de la Cour de Guillaume bien au-delà des frontières du Duché. L'âge d'Or de l'Aquitaine n'allait pas tarder à s'ouvrir.