L'invasion Ch. 07

— Tu connais l'histoire de l'île?

— Oui, un peu. L'île n'est peuplée que depuis peu, en fait quelques centaines d'années. Il paraît que c'est un de mes ancêtres qui est arrivé ici le premier. Mais je n'ai jamais découvert de documents à ce sujet. Personne ne parle de l'histoire de l'île. Plusieurs familles sont venues, mais à part ma famille, pratiquement tout le monde vient et va, une génération, parfois deux, et puis ce sont d'autres qui viennent. Comme Marta et Sarah, elles arrivent maintenant et les autres sont partis.

Nous retournons vers notre lieu d'origine. Le soleil commence à descendre sur notre côté de la plage.

— Et bien, tu aimes la caresse du vent et du soleil sur ton corps? Me demande Ayesha au bout d'un moment.

— Oui, c'est très agréable. Encore mieux que lorsque je porte un maillot.

— Tu vois que j'ai bien fait de te faire promener tout nu.

— Oui, admets-je.

— La prochaine fois tu sauras que je sais tout mieux que toi. C'est pour cela que je suis là, pour t'éduquer.

La marée est basse maintenant, et la plage fait pratiquement cent mètres de large, jusqu'au monticule rocheux qui commence la crique. Nous retrouvons nos affaires et Ayesha me fait ranger le tout. Je retrouve mes vêtements et je m'habille avant de remonter le petit chemin escarpé de la falaise. Au loin, les garde-côtes semblent toujours nous observer, comme si nous pouvions être un danger en dehors de la mer. A moins qu'elles n'aient rien d'autre à faire.

Nous retournons par le même chemin vers notre quartier. En venant ce matin, il y avait de la musique, mais en ce moment non, et je m'aperçois que la voiture est totalement silencieuse.

— Cette voiture à de bons silencieux, je n'entends pas le moteur.

— Ce n'est pas un moteur à essence, c'est un moteur électrique avec batteries. Tu ne sais pas que les carburants fossiles sont désormais interdits sur l'île?

— Mais Nathalie a une voiture à essence.

— Elle l'a emmenée avec elle, cette voiture ne pourra plus revenir, elle va devoir se procurer une voiture électrique.

Tout change quand même ici. Ayesha gare la voiture devant la maison.

— Prends le sac et va le déposer au garage, ensuite tu retires ce qu'il y a dedans pour le sécher et tu apportes les paniers avec les restes de provisions dans la cuisine.

— Oui Ayesha.

Lorsque j'arrive dans la cuisine avec mes paniers, elle me les fait déposer sur la table.

— Ne mets pas de sable partout. Déshabille-toi, descend tes affaires dans la buanderie et va dans la salle de bains.

J'obéis. Elle vient me rejoindre un peu plus tard, déjà douchée et changée. Elle me lave encore plus doucement que d'habitude, et lorsque je suis propre et sec, nous descendons dans la cuisine, elle me laisse complètement nu. Il est assez tard et nous mangeons. C'est encore moi qui me tape le rangement et la vaisselle, puis elle me fait monter dans ma chambre.

— Au lit, me dit-elle. Tu as eu une longue journée.

Elle ouvre mon armoire et regarde à l'intérieur.

— Tu n'as plus grand chose à te mettre. Et certaines de tes affaires sont un peu chiffonnées, ou alors tu les as déjà mises. Demain, je fais une lessive. Nous allons chez Marta pour la journée. Il faudrait peut-être que je fasse la lessive ce soir.

— Marta a demandé que je vienne tout nu demain.

— Vraiment? Et tu as accepté?

— Euh oui, j'ai promis.

— C'est très bien.

Elle vient s'installer sur le bord du lit et me prend la main.

— C'est bien que tu t'entendes avec Marta. C'est une grande amie. Donc, tu n'as plus qu'une seule année avant ton bac?

— C'est ça.

— Tu sais ce que tu veux faire plus tard?

— Je ne me suis jamais vraiment posé la question. J'aimerais aller à l'université, mais je ne sais pas quoi choisir.

— Tu devras quitter l'île alors.

— Oui, j'aimerais rester c'est vrai, mais j'aimerais aussi voir le monde, voyager, avoir de nouveaux amis.

— Tu as déjà de nouvelles amies ici.

— Je sais, et j'en suis vraiment heureux. Je sais que je suis jeune, mais je ne me suis jamais senti aussi bien qu'avec vous.

— Tu sais, j'ai des amies qui voyagent beaucoup, moi aussi parfois. Tu pourrais les accompagner, elles paient ton voyage et tu leur sers de secrétaire par exemple.

— Ce serait bien, mais il faudrait manquer les cours. Nathalie insiste que je travaille tous les jours comme si j'étais vraiment à l'école.

— Je ne suis pas Nathalie. Les cours sont sans doute importants, mais tu devrais commencer à savoir ce que tu veux faire de ta vie. Et le plus important sera de savoir ce qui te rend heureux.

— C'est vrai, mais je ne peux encore rien dire, je ne sais vraiment pas.

— Il n'y a pas que l'université, voire le bac. Imagine que ton bonheur serait de devenir jardinier, pas besoin d'université voire de bac pour cela, tu peux commencer maintenant.

— J'aime apprendre, je ne voudrais pas arrêter d'apprendre.

— Cela viendra, et je t'aiderai. Avec ton nouvel environnement, tu auras certainement plein d'idées. Bon, il faut dormir maintenant, il est tard.

Elle se penche et m'embrasse sur les lèvres. Sa lourde poitrine presse mon ventre et même le bout de mon sexe. Elle m'électrise encore plus.

— A demain. Dors bien.

Elle se lève, ouvre à nouveau mon armoire et y prend les derniers vêtements.

— Comme tu as promis à Marta de rester tout nu demain, je prends ceci pour tout laver d'un coup. Je le ferai après-demain sans doute, puisque tu n'as rien besoin demain.

— D'accord, dis-je un peu étonné.

Elle a tout pris. En fait, je n'ai plus de vêtement. J'ai promis d'aller nager tout nu, mais on dirait que cela devient autre chose, je vais devoir passer toute la journée tout nu... Enfin, c'est avec Ayesha et Marta, et je dois bien me l'avouer, j'adore rester tout nu avec elles. Mais cela me fait une drôle d'impression que je n'ai absolument plus rien à porter demain.

Dans la pénombre de ma chambre uniquement éclairée par les reflets de la lune, je vois à nouveaux ces hologrammes de femmes noires, comme si elles étaient là si proches.

Je suis à nouveau trop excité en repensant à cette journée. Chaque jour j'ai de nouvelles sensations, chaque jour c'est un peu plus fort.

Je ne dors pas, sans doute deux heures plus tard. J'écoute les bruits de la maison. Rien. Doucement je me lève et vais dans le couloir. Ayesha doit dormir. Je vais dans la salle de bains et me masturbe frénétiquement plusieurs fois, jusqu'à ce que je ressente un semblant d'apaisement. Jamais auparavant je n'avais ressenti pareil émoi. Je me souviens des premières fois où je jouais ainsi tout seul dans ma chambre. Une fois et je me sentais apaisé. Cette fois, c'est comme si la masturbation ne servait à rien.

Je retourne dans mon lit bien plus tard. Ayesha ne m'a pas vu.