Ombres & Complot - Chapitre 03

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Alis quitta son lit dés que les premiers rayons...
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Partie 3 de la série de 12 pièces

Actualisé 06/07/2023
Créé 11/25/2015
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Alis quitta son lit dés que les premiers rayons du soleil vinrent traverser les fenêtres empoussiérées de sa chambre.

Fatiguée après cette nuit plutôt éprouvante, les cheveux en batailles, des cernes sous les yeux, elle se dirigea vers la salle de bain, détachant les derniers boutons de sa chemise avant de la laisser tomber au sol.

Elle pris une douche, glacée, qui bien que désagréable, acheva de la réveiller complètement.

Elle renfila ensuite ses vêtements froissés de la veille, à défaut de mieux et grimaça.

Son estomac la tiraillait depuis plusieurs heures déjà, les quelques biscuits mangés la veille au soir ne pouvait l'empêcher de rêver à un copieux petit déjeuner. { Avec un peu de chance je trouverai quelque chose en me rendant au bureau du Shérif... Dans le pire des cas, plus vite j'aurais fini ce que j'ai à faire, plus vite je pourrais quitter cette satanée ville... }

Une rapide inspection de l'étage lui révéla que la maison était plus grande qu'elle ne l'aurait pensé de prime abord. L'étage comptait trois chambres, une petite salle de bain qu'elle avait utilisé et une bien plus grande mais dont l'état laissé douter qu'elle soit encore fonctionnelle. Il y avait également un grand bureau dont les bibliothèques couvertes de poussières semblaient receler de nombreux ouvrages plutôt anciens. Son regard fut attiré par un imposant ouvrage posé sur la petite table en merisier qui devait faire office de table de lecture. La couverture sombre, formée d'un cuir vieilli et craquelé à l'aspect étrange, l'attirait. Tout son être lui criait pourtant de s'en tenir éloignée. Elle tourna quelques pages et constata avec dépit que l'humidité et le temps avait eu raison de l'encre du livre, les quelques mots encore lisibles de ça et là échappant à son entendement. Elle referma le livre en en caressant machinalement la couverture. Le titre peint sur la tranche avait lui même souffert des ravages du temps, elle crut déchiffrait un "Necro" quelque chose et haussa les épaules. Sans doute quelque grimoire d'une époque lointaine où les superstitions faisaient encore loi. Dommage qu'il soit si abîmé, il devait surement avoir une certaine valeur.

Elle poursuivit son exploration au rez de chaussée. Alors qu'elle faisait le tour du deuxième salon et se rendait dans la cuisine, elle remarqua de petites traces dans la poussière qu'elle n'avait pas vu avant. Ces dernières semblaient suivre une route qui disparaissait au pied d'un des meubles. Elle frissonna. { Manque plus que ça, des souris... Et elles doivent être nombreuses... }

Son exploration finie elle nota deux grands salons, une cuisine, une salle à manger et un deuxième bureau. Il devait y avoir une cave mais malgré tout ses efforts elle n'était parvenue à en ouvrir la porte.

Alis jugea qu'elle avait déjà consacré suffisamment de temps à ce petit état des lieux et fouillant dans les documents que lui avait fourni monsieur Goodwills, elle étudia attentivement le chemin qui la mènerait au plus vite vers le bureau du Shérif. Hors de question qu'elle redemande son chemin, cela lui avait déjà coûté ses bas, et moins elle aurait à faire aux étranges habitants de Shorecester, mieux elle s'en porterait.

Elle prit soin de bien fermer derrière elle, et quitta la maison d'un pas vif et assuré. La ville semblait déserte, la brume s'était levée et la fraîcheur du matin lui faisait du bien. Elle pesta à plusieurs reprises contre ses escarpins et regretta amèrement ses bagages dans lesquels elle avait des baskets, mais elle n'en fut pas moins soulagée d'arriver dans le centre sans encombre.

Le centre ville n'était pas très développé, un petit commerce, une brasserie qui semblait ouverte, un bureau de poste dont les grilles étaient encore abaissés et le bureau du Shérif un peu plus loin.

Son estomac eut gain de cause et Alis opta pour la brasserie. La patronne, une petite bonne femme plus large que haute à l'air bovin et aux petits yeux méchants, lui servit nonchalamment un café et une assiette d'œufs brouillés. { Pas le moindre client... Pas très étonnant vu l'accueil.. } nota Alis en mangeant timidement son assiette. Les œufs étaient trop cuits, mais ils ne devaient pas être de première fraîcheur, ce n'était pas forcément un mal. Elle apprécia quand même ce repas chaud et but son café d'une traite. Elle laissa un billet de 10$ sur le comptoir en lançant un merci à la patronne qui n'eut pour réponse que le silence et se dirigea vers le bureau du Shérif, un nœud à l'estomac. Elle n'aurait su dire si c'était les œufs, ou simplement un mauvais pressentiment.

Quand elle franchit la porte du bureau, Alis ne put réprimer un petit rire nerveux. Elle eut l'impression d'être dans un mauvais western. Une grande pièce aux murs nus à l'exception de quelques affiches, deux bureaux face à face de chaque côté de la pièce, portant chacun une machine à écrire, des casiers à documents de ça et de là et deux cellules dans le fond, dont on pouvait apercevoir quelque triste bougre à travers les barreaux.

Un regard torve partit de ses chevilles pour remonter vers ses yeux, suivi d'un signe de tête amusé du Shérif qu'elle avait déjà eu "la chance" de croiser plus tôt la veille.

" McGown... J'espère que vous êtes aussi heureuse de me revoir que je le suis moi même. " Le Shérif vautré dans son fauteuil se redressa vivement et se leva pour venir à sa rencontre.

" Shérif... " Elle força un sourire, mal à l'aise.

" Vous pouvez m'appeler Roger. Qu'est ce qui nous vaut l'honneur de votre compagnie? " Il lui pris la main et y déposa un baiser collant et humide, elle ne put réprimer une grimace.

" Je voudrais déposer une plainte, on m'a volé mon véhicule... "

" Je vois... Venez... On va s'occuper de ça. " D'une main il lui désigna la chaise face à son bureau, de l'autre il glissa sa main dans le bas de son dos, beaucoup trop bas au gout d'Alis, pour l'y pousser légèrement.

Au plus grand étonnement d'Alis, "Roger" se montra professionnel lorsqu'il prit sa déposition. Le voir taper le tout à la machine à écrire lui arracha quelques rictus. La plainte était enregistrée lorsqu'elle intervint.

" Si vous avez des nouvelles pouvez vous me contacter à mon domicile sur New York? Mon portable ne capte pas ici mais j'ai l'intention de quitter la ville dés cette après midi. A ce propos si je peux vous emprunter votre téléphone pour appeler un taxi... "

Roger la regarda étrangement et secoua la tête.

" Il y a un problème avec les lignes téléphoniques, je crains qu'on ne doivent se passer de téléphone encore quelques jours. "

" Quelques jours?! "

" C'est pas vos beaux quartiers McGown, ça prend du temps par ici. "

Alis sentit son estomac se nouer à nouveau et grinça des dents.

" Et j'imagine qu'il n'y a pas de taxi par ici...? " L'idée de rester coincée à Shorecester plus longtemps la tétanisait. Elle ne pouvait refouler cette impression d'être prise au piège.

" Non, j'en ai peur, mais vous avez de la chance, il y a une navette qui passe tout les quinze du mois, si la ligne n'est pas rétablie d'ici là vous pourrez toujours prendre la navette... "

" Vous voulez dire que je vais être coincée ici pendant encore treize jours??!! (Son ton commença à monter, la panique la gagnant.) C'est inenvisageable... Il y a forcément une solution... Mes affaires ont disparues... Il me reste à peine cent dollars... " Elle se mordit la lèvre en secouant la tête, ses nerfs menaçant de lâcher.

Le shérif se leva et vint s'asseoir sur le bureau juste devant elle, lui posant la main sur l'épaule.

" J'suis désolé McGown, si vous avez besoin d'un endroit où dormir ou de quoique ce soit n'hésitez pas... " Sa main glissa sur le bras d'Alis, caressante, pleine de sous entendus. Elle grimaça et se recula un peu.

" Je vous... Remercie... J'ai déjà une propriété en ville... Je vais me débrouiller... "

" Ho... Je vois. Vous devriez me donner votre adresse.. Si on a du nouveau..? "

Il se redressa et retourna derrière son bureau, fronçant les sourcils.

Alis lui dicta l'adresse tandis qu'il notait sur son calepin. Il voulut échanger quelques mondanités mais Alis commençait à se sentir gênée, aussi tacha t'elle de mettre court à la conversation et se leva t'elle en le remerciant.

Il fronça une nouvelle fois les sourcils.

" Pendant que j'y pense McGown, nous pourrions nous entraider. " Il se leva et s'approcha d'elle, beaucoup trop près à son gout, son haleine si particulière venant à nouveau lui chatouiller les narines. Elle pinça le nez et le regarda, interrogative.

" Vous êtes avocate non? "

" Oui... Sans cabinet pour le moment mais... "

" J'ai un homme voyez vous (il désigna d'un coup de tête la viande saoule étalée sur un lit de fortune dans la cellule) qui pourrait nécessiter votre attention... "

Elle haussa un sourcil en suivant le geste du shérif du regard.

" Je ne vois pas trop de quelle façon? "

" Cet homme doit être pendu dans 3 jours. Il aurait tué sa femme et sa fille avant de mettre le feu à sa maison. J'ai la moitié de la ville qui veut le voir mort mais... "

Alis détaillait le shérif, elle ne voyait pas trop son rôle dans cette histoire mais elle l'encouragea à continuer.

" ... On a pas de réelles preuves et je suis pas certain que le gars ait vraiment fait quoique ce soit. Mais bon par ici c'est pas comme ça que ça marche... "

" Vous voulez que je le défende...? "

Le shérif acquiesça, son regard descendant sur la poitrine d'Alis au passage.

" En quelque sorte oui. Y a pas de jury à convaincre ici, mais trouvez moi des preuves incontestables qu'il n'y ait pour rien et on pourra lui éviter la potence. "

" Ce n'est pas vraiment de mon ressort... "

" Allons McGown, vous êtes dans la merde jusqu'au cou, vous n'avez pas d'argent et de vous à moi, on sait tout les deux que les gens comme vous font souvent des trucs pas nets pour sortir leurs clients de la panade. Moi j'ai un mec qui a besoin d'aide et pas le temps de m'en occuper. C'est donnant donnant. Vous m'enlevez cette épine du pied et je vous paye, d'avance. "

Tout ça prenez une tournure bien étrange aux yeux d'Alis. La seule chose dont elle avait envie c'était de quitter cette fichue ville, certainement pas de s'immiscer dans les affaires du coin. Mais le shérif marquait un point ; elle était fauchée, elle n'avait rien sur elle, et elle devait se rendre à l'évidence, elle était coincée ici pendant encore un moment.

" Trois cent dollars... "

" ... Pardon? "

" Trois cent dollars maintenant et j'accepte votre offre, mais je ne peux pas vous garantir que je trouverais quoique ce soit, 3 jours c'est peu... (Les yeux du shérif brillèrent et il esquissa un sourire.) Ho et si je dois rester quelques jours de plus par ici il me faudrait de l'électricité... "

" Ça me semble honnête... Je vous envoie quelqu'un dans l'après midi pour vous faire un raccordement temporaire. Quant aux trois cents dollars c'est entendu... Je sens que nous allons bien nous entendre. " Il lui adressa un grand sourire, son regard descendant à nouveau bien plus bas que les yeux d'Alis.

Alis secoua la tête en quittant le bureau du shérif, pensive.

{ Ma pauvre fille, dans quoi tu t'embarques... }

Au moins avait elle de l'argent en poche maintenant. Il ne lui restait plus qu'à croiser les doigts pour que le téléphone soit rétabli rapidement, mais une partie d'elle sentait que son calvaire était loin d'être terminé.

Elle pris la direction du commerce qu'elle avait aperçu plus tôt. Elle franchit la double porte, s'emparant d'un caddie. Un mini supermarché discount ; on vend de tout et de n'importe quoi, mais surtout pas de qualité ; c'est ce qui lui vint à l'esprit à mesure qu'elle avançait entre les rayons.

Le supermarché était désert comme le reste de la ville. Étonnant qu'il n'ait pas fermé.

Elle trouva facilement de quoi remplacer sa trousse de toilette et fit des réserves de nourriture non périssable pour une poignée de jour. Elle hésita un peu et opta pour une lampe torche, une relativement longue et lourde en métal qui lui offrirait une arme de défense improvisée. Elle trouva également des bougies et un briquet et finit son arrêt dans les rayonnages de vêtements féminins.

Elle aimait faire du shopping, cela rendit sa sélection d'autant plus difficile face à la pauvreté du choix et la banalité des vêtements proposés. Elle se décida pour une paire de baskets confortables, un lot de culottes en coton neutre, quelques pantalons près du corps, des débardeurs et un lot de chemisiers unis quelconques. Elle hésita un instant à prendre une nuisette et opta finalement pour un pyjama avec pantalon après son rêve de la nuit dernière, elle se sentirait un peu plus en sécurité quitte à dormir sans culotte.

Elle ne trouva pas de soutien gorge à sa taille et décida de s'en passer, après tout elle n'en avait que pour quelques jours avant de rentrer chez elle à New York, tout du moins c'est ce qu'elle se répétait.

Elle finit ses courses par un grand sac à dos, faute de mieux.

Un caissier à moitié endormi l'accueillit et scanna les divers articles, ne lui prêtant qu'à moitié attention. Il était plutôt jeune, surement une petite vingtaine vu la nuée de boutons qui parsemait encore son visage. Elle paya rapidement, enfourna le tout dans son sac et salua le caissier. Elle put presque sentir le regard rivé sur ses fesses tandis qu'elle prenait le chemin de retour.

Un frisson lui parcourut l'échine quand elle arriva devant la grande maison, son sac sur le dos. Elle avait l'air encore plus lugubre de jour que de nuit. Les planches qui condamnaient les fenêtres du rez de chaussée portaient d'étranges marques de ça et de là comme si elles avaient été griffées par quelque créature cauchemardesque. Le sentiment étrange qu'on l'observa la sortit de ses rêveries et elle se hâta de rentrer à l'intérieur, refermant à clé derrière elle.

Armée d'une bassine et de divers ustensiles de ménages trouvés dans un placard, elle passa les heures qui suivirent à nettoyer et à ranger. Alis allait rester ici encore quelques jours, autant rendre l'endroit aussi accueillant que possible. Elle fit plusieurs découvertes plus ou moins déplaisantes. Derrière la commode de la chambre où elle avait passé la nuit, il y avait un trou assez important dans la cloison. Peut être des rats avaient ils élus domicile par ici. Pas rassurée plus que ça par cette nouvelle idée, elle récupéra une planche en bois qui faisait office d'étagère dans un des placards de la maison et la coinça entre la commode et le mur afin de condamner ce passage.

Malgré tout ses efforts, impossible également d'ouvrir la porte de la cave. La porte ne semblait pourtant pas fermée à clé.

La maison aussi propre qu'elle pouvait l'être, Alis pris une douche qu'elle aurait préféré chaude et se débarrassa de ses vêtements sales. Elle piocha dans ses nouvelles acquisitions une culotte blanche en coton, un débardeur blanc un peu plus échancré qu'elle ne l'avait cru de prime abord et un pantalon moulant noir. Elle s'empara ensuite des dossiers que lui avait confié le Shérif et alla s'installer dans le bureau à l'étage, là où la lumière extérieure lui permettrait de voir quelque chose, et elle commença à se plonger dedans avec un relatif intérêt.

{ Luigi Royer... 47 ans... Arrivé en ville avec sa famille il y a quelques mois pour un travail sur les docks... Renvoyé pour crise de paranoïa et de démence... Plusieurs arrestations pour alcoolisme et agression... En deux mois 12 passages en cellule... Et bien monsieur Royer... } Elle continua de lire les divers rapports du Shérif. Elle ne l'aimait vraiment pas, mais elle devait reconnaître une certaine organisation dans son travail. Elle haussa un sourcil, intriguée et relu plusieurs fois un passage. { "Monsieur Royer a été interpellé pour avoir agressé trois de ses collègues, de nuit, sur les docks, à l'aide d'une barre en fer. En détention il a reconnu les faits et a admis avoir agi ainsi car, je cite ; ceux ci seraient des monstres marins ayant pris forme humaine. Ses collègues n'ont pas souhaité déposer plainte, estimant que Mr Royer n'était plus maître de lui même et semblait souffrir de pathologies mentales." }

Alis se massa les tempes, fermant les yeux. Quelque chose ne collait pas. Tout semblait indiquer que Royer avait peu à peu perdu la tête et qu'il devenait de plus en plus instable, effectivement... Mais chacun de ses actes de folie, qu'il ait mené au poste ou non, avait eu pour cible ses collègues. Pas une seule trace de violence ou d'agression envers sa famille ou un autre inconnu. Elle alla chercher la carte que lui avait fourni monsieur Goodwills et chercha l'emplacement de la maison brûlée et celui des docks. Ça faisait une trotte à pied, elle y passerait surement la journée si elle voulait aller inspecter les deux. Il faudrait aussi qu'elle parle à Royer, et elle avait quelques questions pour le Shérif. Alors qu'elle refaisait le tour des documents, elle entendit frapper.

" Mademoiselle... McGown? " Le petit homme quitta le carnet qu'il avait sous les yeux et leva la tête vers elle alors qu'elle ouvrait la porte. Il la détailla attentivement. Lui n'était vraiment pas grand, un petit mètre soixante tout au plus, mais son ventre faisait état d'un bon appétit, il devait avoir la soixantaine et sa posture, ses traits, semblaient faire état d'une certaine expérience des travaux manuels. La ceinture à outils et la grosse sacoche en cuir qu'il portait venaient confirmer cet état de fait.

" Oui ...? Ho, vous venez surement pour l'électricité? " Alis esquissa un sourire. Le shérif semblait avoir tenu sa parole.

Il lui tendit la main, qu'elle serra aimablement.

" C'est bien cela, je suis Mortimer, enchanté mademoiselle. Bien, si vous savez où est le raccordement on va jeter un œil à ça... "

Elle le guida vers le tableau électrique qui arracha un sifflement au vieux bonhomme.

" Oula... Y a du vécu. Vous avez de la chance que tout ça n'ait pas pris feu. "

Alis fronça les sourcils.

" La ligne électrique n'est pas coupée? Ça fait des années que cette maison est à l'abandon. "

Mortimer sembla amusé.

" Vous n'êtes pas du coin vous je me trompe? Y a pratiquement plus personne qui met les pieds dans cette ville, et surement pas la compagnie de l'électricité, de l'eau ou ce que vous voulez. Si ça marche tant mieux, si ça marche pas, à nous de réparer. "

" Vous voulez dire que la ville est alimentée gratuitement? C'est étrange non? "

" Gratuitement non, pas vraiment, le maire a des accords et ça arrange tout le monde à ce que j'ai compris, mais si les années m'ont appris une chose c'est qu'il vaut mieux pas trop poser de questions. Je vous conseille de faire de même... "

Alis inclina pensivement la tête tandis que Mortimer sortait des outils de sa sacoche et commençait à ouvrir le boitier du tableau électrique.

" La moitié a grillé là dedans. J'ai quelques pièces sur moi, je vais changer ce que je peux et virer le reste. Vous aurez de la lumière et de quoi brancher un ou deux appareils mais à votre place je ne serais pas trop gourmande. "

Le vieil homme œuvrait avec une rapidité et une précision impressionnante. Elle l'observa travailler avec intérêt, en silence, n'osant pas le déranger. Il finit par se frotter les mains et hocha la tête.

" Essayez l'interrupteur là bas... "

Alis sourit quand les ampoules se décidèrent enfin à s'allumer, baignant la maison d'une lueur rassurante.

" Merci encore, vous n'imaginez pas l'importance que peut avoir ce genre de petites choses. "

" De rien mademoiselle, tout le plaisir fut pour moi. Je n'ai pas aussi souvent charmante compagnie dans le coin. "

Alis lui adressa son plus beau sourire. Puis elle se renfrogna quelques instants, hésitante.

" Je ne voudrais pas abuser, mais... Vous pourriez faire quelque chose pour l'eau chaude? "

Mortimer reposa ses outils qu'il était entrain de ranger et se gratta le crane, regardant autour de lui.

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