Nos Solitudes

BÊTA PUBLIQUE

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Quelques minutes plus tard, Capucine me rejoint afin que nous puissions passer en caisse. Pendant que nous attendons, je lui demande :

« Alors? Il y en a pour combien? »

« 38,15€. » répond-elle en me souriant.

La caissière, une jeune femme qui doit avoir l'âge de Capucine, nous a entendu. Quand elle a fini de scanner tous es articles, son visage marque la même surprise que moi il y a quelque minutes. La somme est bien celle indiquée par mon amie. Bon comme il y a moins d'articles l'exploit est moins grand, mais tout de même. Elle fait cela sans le moindre effort. Son cerveau est loin d'être au ralenti. Elle a juste concentré ses problèmes sur la lecture. Un peu d'aide sera nécessaire, mais elle a toutes les capacités pour s'en sortir.

Dès notre retour, Capucine se rend dans la buanderie avec les sacs de vêtements que je viens de lui offrir. Quand je le rejoins, elle est en train de séparer la couleur du blanc.

« Que fais tu? »

Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi certaines personnes ressentent le besoin de laver leur vêtements neufs.

« Tu sais le nombre de personnes qui ont pu les essayer avant moi? Il faut toujours laver les vêtements neufs. Moi je serai incapable de les porter sans les avoir passer à la machine une première fois. Et puis avec tous les produits chimiques qui sont utilisés dans les couleurs... »

Jamais je n'avais pensé à ce genre de chose. Ma femme s'occupait toujours de m'acheter mes vêtements, et lorsque je découvrais un nouveau costume ou de nouvelles chemises, tout était déjà bien rangé dans le dressing. Mais cette pensée s'estompe quand je vois Capu tourner le bouton du programme et le placer sur le bon réglage.

« Je croyais que tu ne savais pas lire. » dis-je en pointant le programmateur du doigt.

« Oui, mais ça ne m'empêche pas de savoir me débrouiller. » me répond-elle. « Hier j'ai vu comment tu avais placé le bouton, j'ai juste fait la même chose. »

Bon sang, cette fille est pleine de ressources. Elle ne sait peut être pas lire, mais elle n'est pas bête. Elle est très loin d'être bête.

« Il faut vraiment que l'on trouve d'où vient ton problème avec la lecture. Mais ce dont je suis certain c'est que ton cerveau fonctionne parfaitement. »

Combien de choses a-t-elle appris à faire par simple mimétisme durant toute sa vie. Mais une paire de lèvres venant se poser sur ma joue me ramène sur Terre.

« Merci Pierre. »

Sans rien ajouter d'autre, elle appuie sur interrupteur du lave-linge et quitte la pièce pour aller ranger ses affaires de toilette. Je reste dans la buanderie, totalement envoûter par la douceur de ses lèvres sur ma joue.

Je passe ensuite le reste de la matinée à chercher sur internet une personne qui pourrait nous aider à diagnostiquer la cause du problème de Capucine. Cette recherche se révèle délicate car je ne sais pas vraiment dans quelle direction je dois m'orienter. Au bout d'une heure, je tombe sur la page web d'un centre d'apprentissage à la lecture pour personnes en difficulté. Leur expertise semble plutôt tournée vers les enfants, mais au sein de leur effectif il y a des spécialistes du langage et je me dis que cela vaut la peine d'essayer.

Lorsque je les appelle, je suis mis en relation avec une docteur Legendre. Elle supervise les équipes éducatives et me paraît très compétente. Je lui explique le problème de Capucine et je lui demande si elle n'est pas trop vieille pour être prise en charge. Le docteur me rassure en m'expliquant que personne n'est trop vieux pour le centre et qu'elle serait ravie de recevoir Capu afin de voir où se trouve l'origine de son problème. Elle me propose un rendez-vous en soirée après que les enfants de la structure soient tous partis. Cela sera plus rassurant pour mon amie. Nous convenons donc d'un rendez vous pour ce soir à 18 heures.

J'attends que nous ayons fini de déjeuner pour parler à ma pensionnaire.

« J'ai eu une Dr Legendre tout à l'heure au téléphone. Elle aimerait te rencontrer pour t'aider à apprendre à lire en identifiant ce qui te bloque. »

J'ai peur de la voir se brusquer et se refermer sur elle même. Peut-être même va-t-elle se remettre à pleurer ou vouloir s'en aller. Cette idée même me fait mal au ventre, mais je ne dois rien lui cacher et être honnête avec elle. Je m'en voudrais de la mettre au pied du mur.

« Alors, tu en penses quoi? »

« Ok, quand? »

Elle ne semble pas du tout hésitante, et c'est moi qui me retrouve surpris par sa réaction.

« Euuh à 18h. Ce soir. » dis-je en balbutiant. « Je suis désolé si tu trouves que cela va trop vite, mais l'opportunité s'est présentée alors... Mais si tu te sens brusquée, on peut repousser et remettre ça à plus tard.»

« Ne t'inquiète pas. Tu viens de dépenser une petite fortune pour une fille que tu ne connais même pas sans même savoir si tu seras remboursé un jour. Tu mérites bien que je te fasse confiance. »

Elle hausse les épaules et saisit un morceau de pain qui reste sur la table et en croque une partie. Je la trouve changée. Comment a-t-elle pu autant changer en un jour?

« Si tu veux, après ton rendez vous, nous pourrions aller manger quelques sushis. Pas loin du centre, il y a un bar à sushi que j'adore. » lui dis-je en lui offrant mon plus beau sourire.

Le médecin nous accueille en dehors de son bureau puis nous invite à la suivre. Nous déambulons à travers des couloirs qui jouxtent de petites salles de classes adaptées pour de jeunes enfants. Je suis content que ce rendrez vous se tienne en dehors des heures de présences des enfants. Cela aurait pu avoir un côté humiliant pour Capucine. Lorsque nous arrivons devant son bureau, je cherche une place où m'asseoir pour attendre la fin de leur entretien. Mais Capucine paraît affolée de me voir rester en dehors et de ne pas l'accompagner. Le docteur perçoit également cette angoisse subite et propose :

« Si vous le voulez Capucine, Monsieur Audier peut vous accompagner, je n'y vois aucun inconvénient. »

Capu accepte avec soulagement et nous prenons place dans le bureau.

« Bien. Je vais d'abord me présenter. Je suis Karine Legendre. Je suis psychiatre et je suis spécialisée dans l'encadrement des personnes ayant des difficultés de langage ou de lecture. Lors de notre conversation téléphonique de ce matin, Pierre -- si vous me permettez de vous appeler par votre prénom -- m'a expliqué que vous avez des problèmes pour lire. »

Capucine baisse les yeux pour fixer le sol et répond :

« Oui, je crois. »

Je suis stupéfait par le changement de ton de sa voix. Elle paraît avoir perdu 10 ans et être retournée en enfance en quelques secondes. Cela commence mal.

« Toutefois, Pierre m'a aussi expliqué que vous êtes une véritable calculatrice humaine. Je vais pouvoir vous aider à résoudre vos problèmes de lecture, par contre j'espère que de votre côté vous allez pouvoir avec les chiffres car je suis totalement perdue si je n'ai pas une machine à calculer sous la main. »

Karine sourit et tend la main en direction de ma jeune amie. Celle-ci relève les yeux, retourne le sourire et sait la main tendue.

« Maintenant, est-ce que Pierre peut sortir pour que nous puissions parler toutes les deux. »

Capucine accepte d'un petit mouvement de tête. Je lui pose une main affectueuse sur l'une des siennes puis je quitte la pièce.

Je m'installe dans la salle d'attente sur l'une de ces chaises inconfortables que l'on trouve toujours dans ce genre de lieu. Comme je me doute que l'entrevue entre Capucine et Karine risque de prendre un peu de temps, je sors mon téléphone et je me met à jouer à l'un de ces jeux qui teste votre intelligence.

Au bout de plusieurs dizaine de minutes interminables, et après avoir appris par mon téléphone que j'ai le QI d'un oran outang, la porte du bureau s'ouvre enfin. Capucine sort de la pièce avec un grand sourire qu'elle partage avec le docteur Legendre. Je me lève pour les accueillir tout en espérant de bonnes nouvelles. Ma jeune amie invite la psy à m'expliquer de quoi il en retourne.

« Capucine est juste dyslexique. Rien d'insurmontable toutefois. Elle a juste besoin d'apprendre différemment mais elle saura lire sans trop de difficultés. »

Le visage de Capucine est radieux. Dans le regard qu'elle lance à la médecin, je comprends qu'il y a autre chose. D'un mouvement de tête, le docteur Legendre poursuit.

« Ce qui me permet d'être confiante, c'est que j'ai la même forme de dyslexie que votre jeune amie. J'ai juste eu la chance d'avoir été diagnostiquée enfant. Dans le cas de Capucine, les professeurs qui l'ont eu dans leurs classes n'ont pas fait leur travail comme ils l'auraient du. »

En à peine soixante minutes d'entretien, Karine a réussi a permis à Capucine de retrouver confiance en elle. Et je dois bien l'avouer, je me sens fier d'avoir su tendre la main à cette jeune demoiselle et de lui avoir mis le pied à l'étrier.

« Et que devons nous faire pour lui permettre de surpasser cela? » dis-je.

« À ton age, Capucine, je pense que nous pourrions partir sur une séance de deux heures, une à deux fois par semaine. Tu pourrais travailler de ton côté également une fois que tu auras assimilé les bases. » répond Karine.

Je me sens soudainement un peu honteux. Dans mon attitude, je me comporte comme le père que je ne suis pourtant pas. Tout ceci n'est pas mon combat, mais le sien. Elle seule détient les clés de sa réussite entre ses mains.

« En général, les mutuelles couvrent ce genre de thérapie. Ils en coûtent environ 75€ par heure. Mais dans ton cas, je ne pense pas que cela sera long. »

Pour la première fois depuis sa sortie du bureau du Docteur Legendre, le sourire de ma nouvelle amie disparaît. De toute évidence, elle a oublié que ce genre de chose à un coup. Je décide d'intervenir.

« Je suis son seul moyen de transport, donc si nous pouvions fixer ces séances le soir cela m'arrangerait. »

Je ne trouve que cette idée pour éviter d'aborder le sujet de l'argent devant le médecin et de mettre Capucine dans l'embarras.

« Pourquoi pas jeudi prochain entre 17h30 et 19h30? J'ai un créneau de disponible. Quand pensez vous, tous les deux? »

Capucine n'ose pas répondre et me regarde, gênée. Je suis certain que cela prend une tournure qui ne lui convient. Se sentir redevable est quelque chose qui est contraire à ses principes. Mais pas question qu'elle baisse les bras si près du but. Pas pour de telles raisons matérielles. Je me sens investi d'une mission, et j'irai jusqu'au bout.

« Jeudi à 17h30. Ça marche pour moi. »

Je jette un regard vers ma protégée pour la pousser à répondre.

« Euuuh, ok. 17h30 c'est bien. »

Le ton de sa voix révèle son malaise. Je dois vite réagir, d'autant plus que Karine semble inquiète à son tour. Il est temps de partir.

Dans la voiture, Capucine me regarde droit dans les yeux.

« Cette fois ça dépasse ce que je peux accepter. Je me sens mal avec tout ce que tu me donnes. »

N'ayant rien à lui répondre, j'enclenche le contact et la voiture s'élance vers le restaurant où je souhaite conduire ma jeune amie. Dans l'habitacle, règne un silence pesant. Je fais fonctionner mon cerveau à toute vitesse pour trouver une solution. Enfin, une idée jaillit dans mon cerveau. Je ne suis par sur que cela puisse fonctionner, mais je ne le saurai jamais si je ne tente pas le coup.

« Tu sais te servir d'un pinceau? Enfin repeindre une pièce, pas peindre une toile, hein? »

« Oui, avec Alex on a travaillé sur quelques chantiers. Mais c'est quoi le rapport? » riposte-t-elle, décidée à ne pas ce laisser faire.

« Ma maison a besoin d'un petit coup de jeune. Cela fait dix ans que plus rien n'a été fait. C'était ma femme qui s'en chargeait, mais quand elle est tombée malade... Je sais qu'un professionnel me prendrait pas loin de 500 balles par pièce. Donc, si j'achète le matériel, je te paye 250 par pièce. »

Je la regarde avec mon plus grand sérieux, alors qu'intérieurement je doute de mon idée.

« Conclu. » accepte Capu en me tendant la main. « Je serai ta peintre-servante. » ajoute-t-elle en souriant.

Son sourire est vraiment charmant. Je lui serre la main puis nous continuons notre route vers le sushi bar.

Le Yo'up est un petit restaurant japonais qui ne paye pas de mine. Grand comme un mouchoir de poche, il peut recevoir 20 personnes à la fois au maximum. Mais comme la qualité des sushi y est excellente, il n'est pas rare que toutes les places soient occupées. Comme ce soir. Je ne suis pas du genre patient, alors attendre en principe dans une telle situation, j'ai tendance à rebrousser chemin. Mais partager un bon restaurant avec Capucine est plus important que mon impatience. Même s'il faut attendre vingt minutes. Heureusement, l'enthousiasme de mon amie permet de meubler le conversation. Elle me raconte en détail l'entretien qu'elle a partagé avec le Dr Legendre. Ma jeune invitée est réellement impressionnée par cette femme et par ce qu'elle a réalisé en dépit de sa propre dyslexie. Je comprends que Capucine vient de se découvrir un modèle de tout premier choix.

Alors que nous obtenons enfin une table, une serveuse s'approche de nous. Visiblement âgée d'une bonne trentaine d'année, il se dégage d'elle une élégance naturelle.

« Bonsoir, je suis Julie et je serai à votre service ce soir. Est ce que vous et votre fille désirez boire quelque chose pendant que vous consulterez notre carte? »

Je suis sur le point de la reprendre au sujet de « ma fille » mais Capucine m'interrompt avec un sourire moqueur.

« Je vais prendre un thé glacé maison. Et toi Papa? » me nargue mon amie.

L'entendre m'appeler ainsi provoque en moi une sensation étrange, révélatrice d'un des plus grands échecs de ma vie.

« Je vais prendre l'un de vos cocktail à base de saké. » dis-je à Julie, notre serveuse.

Avant même que nos boissons nous soient servies, je sais déjà ce que je vais commander. En fait je sais ce que je veux depuis l'instant où j'ai décidé que nous mangerions dans ce restaurant ce soir pour la simple raison que je commande toujours la même chose : un assortiment de brochettes de bœuf et de poulet. Capucine est la première à passer sa commande mais avant que la serveuse ne se tourne vers moi pour prendre la mienne, les deux jeunes femmes se lancent dans une conversation à bâton rompu sur les différents plats. J'ai l'impression qu'elles ne s'arrêtent même pas pour respirer. Au bout de plusieurs minutes il me semble que j'ai cessé d'être transparent quand Julie prend enfin ma commande.

Dès que la serveuse s'est éloignée, Capu me souffle :

« Tu devrais l'inviter à sortir. »

Je reste sans voix devant son étrange proposition. D'où peut lui venir une telle idée?

« Elle est vraiment pas mal, je suis certaine que tu es à son goût. » continue-t-elle, le plus naturellement du monde.

« Pourquoi je proposerai un rendez-vous à notre serveuse? Et qu'est ce qui te permet de penser qu'elle serait intéressée? »

J'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose durant leur conversation. Et puis, à part ma femme, aucune femme ne s'est vraiment montrée intéressée par moi.

« Non mais tu étais où durant ces dernières minutes? Tu as pas vu comment elle s'est adressée à toi avec plein de charme et comment elle t'a dévoré du regard? On ne fait pas ce genre de choses quand on est pas intéressé. »

L'explication de Capucine me laisse perplexe. Les rapports humains et le langage corporel de mes contemporains ne font pas parties de mes compétences. Moi tout ce que je veux c'est mangé mes brochettes.

« Tu as trop d'imagination ma petite Capu. Elle est juste polie et prévenante comme elle l'est avec tous les clients. C'est son boulot tu vois.... »

Je ne me vois vraiment pas proposer un rencart à qui que ce soit, encore moi à une serveuse à qui j'ai adressé deux phrases jusque là. Cela serait si embarrassant.

« Tu as aimé ta femme et tu es resté avec elle jusqu'à la fin. Tu es quelqu'un de stable. Tu as un niveau de vie confortable. Tu invites ta fille au restaurant. Regarde toi Pierre : pour un mec de ton âge tu es vraiment canon. »

Joignant le geste à la parole, ma jeune amie compte mes qualités sur ses doigts, fière de sa démonstration. Mais moi je ne veux pas être canon! Cela demande sans doute trop de travail.

« Oublie, je ne suis pas intéressé. Pas plus que la serveuse ne l'est. Mais quand est -ce que mes brochettes vont arrivées bon sang!!! »

« Ok, calme toi. Julie ne va pas tarder à revenir. »

Pas possible, Capucine est en train de me chercher ou quoi? Son sourire est certes magnifique mais je commence à lui trouver un petit côté sournois.

Quelques instants plus tard, Julie apparaît avec nos commandes. Hummm cela sent fichtrement bon.

« J'ai obtenu du chef qu'il vous rajoute un petit supplément. Vous sembliez si affamé. »

Elle a eu raison car mon ventre cri famine. Je détache mes yeux de mon plat pour la remercier et je tombe sur son regard qui me fixe, accompagné par un large sourire. Instantanément je me sens mal à l'aise. Seul un « Euuuh merci » parvient à sortir de ma bouche.

« Oh, c'est vraiment gentil de votre part Julie. » insiste Capucine en me fixant du regard. « Vous savez, nous allons venir régulièrement les jeudi soir durant les prochaines semaines. Et Papa adore cette endroit. »

« Ah oui? Vraiment? Quelle coïncidence, je crois que je serai de service tout ce mois au moins. On sera donc destinés à nous revoir alors. » commente Julie en posant une main amicale sur mon épaule avant de se diriger vers une autre table.

J'essaye de faire comme si de rien n'était et je me replonge sur mes brochettes.

« Pierre a une amoureuse, Pierre a une amoureuse... » chantonne doucement Capucine.

« Allez arrête. Elle a juste cherché à être agréable. » dis-je, sans vraiment être convaincu par mes propres paroles.

« Je te pari qu'il n'était pas prévu qu'elle travaille jeudi prochain mais qu'elle sera quand même là... et... qu'elle se débrouillera pour avoir notre table à servir. » m'affirme mon amie, totalement sure d'elle.

Pour ma part, je ne suis pas aussi persuadé. De plus, je ne suis pas certain d'avoir envie de revenir. Je saisis la sauce soja et j'en répand abondamment sur le riz qui accompagne mes brochettes avant de l'attaquer à coup de baguettes rageuses.

Lorsque nous avons fini de dîner, Julie apporte l 'appareil à carte bancaire. Pendant que je saisis mon code, elle et Capucine se lancent dans une brève conversation. Je suis pressé de partir, mais politesse oblige je patiente le temps qu'elles achèvent leurs palabres. Finalement, Julie pose une nouvelle fois sa main sur mon épaule et me lance d'une voix douce :

« Vous avez une fille adorable. »

Je lui répond d'un simple mouvement de tête affirmatif et je lui souris timidement. Je sens sa main presser un peu plus sur mon épaule puis elle se dirige vers les cuisines.

« Tu verras bien la semaine prochaine.. » insiste mon amie alors que nous sortons de l'établissement.

Au moins, je me suis régalé avec les brochettes. C'est toujours ça.

De retour à la maison, ma pensionnaire et moi regardons un film d'un œil distrait avant de comprendre que nous sommes fatigués. Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui que nous sommes mentalement rincés. Je suis le premier à dodeliner de la tête et après une demie douzaine de minutes de somnolence je décide d'aller me coucher. Entre deux bâillements je fais un détour par la salle de bain. Je retire mes vêtements, j'éteins la lumière et je m'effondre dans mon lit.

Je suis à moitié endormi lorsque j'entends la porte de la chambre s'ouvrir. Capu se glisse dans la pièce, vêtue de la nouvelle nuisette qu'elle s'est choisie dans la journée. Après avoir refermé doucement la porte, elle se faufile à la place qu'occupait ma femme.

« Je n'arrive vraiment pas à dormir dans une maison qui n'est pas la mienne. » me murmure-t-elle en soulevant le drap.

Je lui souris et je commence à me décaler au maximum sur mon bord de lit. Je sens sa main sur mon épaule.

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